Dans la société d’aujourd’hui, le rythme de vie de la plupart des adultes est de plus en plus rapide, de sorte que moins de temps et d’attention sont consacrés aux enfants. Certains parents et experts parentaux se penchent toutefois sur ces derniers, et choisissent de revenir à l’essentiel ; utiliser des pratiques adaptées et spécifiques aux besoins de chacun et de chaque âges. On peut désormais observer les méthodes éducatives dites « douces » qui ont doublé, c’est-à-dire respectant le rythme et les besoins des enfants, comme le portage, la langue des signes pour bébé, la diversification alimentaire menée par l’enfant, l’éducation bienveillante, ou encore la motricité libre.
Nous nous pencherons dans cet article plus particulièrement sur le développement moteur en micro-crèche, via les espace de motricité mis en place de nos micro-crèches Baby Éveil.
Le développement moteur de l’enfant de 0 à 4ans :
Au cours d’une vie, la période allant de la naissance à l’âge de quatre ans est considérée comme la période de la majeure partie des acquisitions motrices. Par conséquent, il semble important de comprendre l’enchaînement des étapes naturelles du développement moteur de l’enfant durant cette période car il permet un meilleur accompagnement. Bien sûr, l’âge d’apprentissage n’est qu’une référence, car chaque enfant a sa propre vitesse de développement.
Entre la maturation neurologique et les interactions avec le monde extérieur, la première année de vie constitue la plus importante période du développement moteur.
À la naissance, la motricité du bébé est qualifiée de « spontanée » et oscille entre réflexes archaïques et mouvements involontaires. Parmi eux, on observe par exemple le réflexe d’agrippement ou le réflexe de succion. Les réflexes archaïques se modulent au fur et à mesure de la maturation neurologique pour permettre la mise en place de mouvements volontaires. Leur présence est capitale, car elle est la marque d’un bon fonctionnement neurologique.
Le nouveau-né montre d’autre part des mouvements involontaires de la tête, du tronc, des bras et des jambes d’intensité, de force et de vitesse variables. Il s’agit généralement de flexions et d’extensions des membres supérieurs et inférieurs (pédalage), auxquelles s’ajoutent par la suite des mouvements de rotation de la colonne vertébrale.
À partir de l’âge de deux ans, l’enfant est de plus en plus adroit dans sa motricité globale puisqu’il s’est bien approprié son corps et ses compétences motrices. Il a désormais un besoin considérable de bouger et d’enrichir son répertoire moteur, c’est pourquoi il prend de plus en plus d’initiatives motrices. Il s’exerce alors à courir, à sauter sur deux pieds puis sur un pied, à enjamber, à grimper, à danser, à pédaler ou encore à taper dans un ballon. L’enfant cherche également à affiner ses coordinations bi-manuelles en s’entraînant à lancer et attraper un ballon, à découper avec une paire de ciseaux, à enfiler des perles sur un fil, ou encore à s’habiller et se laver seul. Il développe par ailleurs son graphisme en commençant à dessiner des formes géométriques simples et des premiers bonhommes, souvent des « bonhommes têtards ». En sommes, l’enfant de cet âge construit activement son autonomie et développe progressivement sa latéralité fonctionnelle.
L’apprentissage et la mémorisation
D’après Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne à la fin du XIXème et au début du XXème siècle, l’enfant possède entre la naissance et six ans une remarquable capacité d’assimiler, de s’imprégner et d’intérioriser tout ce qu’il l’entoure sans effort et sans en avoir conscience. Elle nomme cela « l’esprit absorbant ». Il s’agit d’un état mental inconscient, lors duquel le cerveau de l’enfant intègre toutes les informations de son environnement de manière instantanée sans opérer de discrimination. L’enfant peut être comparé à une éponge car toutes les expériences qu’il fait sont absorbées, les positives comme les négatives ! Grâce à son esprit absorbant, l’enfant construit progressivement son identité personnelle et apprend à s’adapter à son milieu, son époque, sa culture, ce qui lui permet de s’intégrer socialement et de développer sa confiance en lui.
Cette théorie de l’esprit absorbant a été prouvée depuis par les recherches en neurosciences qui ont démontré le principe de synaptogénèse. On sait désormais que ce phénomène neurologique est très intense entre la première et la troisième année de vie. Le cerveau de l’enfant enregistre alors toutes les données de son milieu sans aucune sélection.
Et la motricité libre ?
Emmi Pikler considère que l’enfant est un être naturellement compétent, c’est-à-dire qu’il détient toutes les compétences requises en lui, et que par conséquent, son développement moteur se fait naturellement. Cela signifie qu’il passe d’une étape à l’autre lorsqu’il se sent prêt et de la manière qui lui est propre. Emmi Pikler affirme qu’« il est important de respecter toutes les manifestations spontanées du bébé, l’ordre et le rythme de leur apparition, la continuité de ce processus dont le bébé est auteur et acteur parce que l’exercice de chaque pas prépare, sert de fondement au suivant ». Elle insiste donc sur le fait de laisser l’enfant libre de ses mouvements, libre d’avoir des initiatives motrices et exploratoires, mais aussi sur le fait d’avoir confiance en lui et en ses capacités. Cela suggère que l’adulte limite et pense ses interventions auprès de l’enfant.
Pour elle, « la motricité libre consiste à laisser libre cours à tous mouvements spontanés de l’enfant, sans lui enseigner quelque mouvement que ce soit ».
Aussi, il existe selon Maria Montessori des différences inter-individuelles dans le développement dont il faut tenir compte, et qu’il est primordial de respecter et de ne pas juger pour le bien de l’enfant. D’autre part, elle détermine trois besoins fondamentaux chez l’enfant qui sont : la liberté, le mouvement et l’autonomie. Pour elle en effet, celui-ci a besoin d’être libre (de ses mouvements, de ses activités, etc.), de se mouvoir (surtout lors de la période sensible au mouvement) et de faire seul pour se développer harmonieusement.
C’est à partir de ces trois besoins réunis que Maria Montessori définit l’un des grands principes de sa pédagogie, à savoir : la « liberté de mouvement ». En plus des besoins, elle voit le mouvement comme un moyen pour les enfants de se construire et d’apprendre. Elle a également affirmé que « les enfants se construisent dans le mouvement » ou « pour apprendre, les enfants ont besoin de bouger« . Maria Montessori stipule également que ces actions doivent être répétées de nombreuses fois, car pour elle, la répétition est essentielle à l’apprentissage et à la maturité neurologique. Il y a donc, selon elle, une interaction permanente entre la construction du mouvement et la construction de la vie mentale, et il y a une relation directe entre la plasticité du corps et la plasticité du cerveau. .Il s’agit de respecter le mouvement libre et de laisser l’enfant réaliser ses expériences motrices par lui-même autant qu’il le souhaite, car c’est en se bougeant sans restriction qu’il exprime et développe spontanément le potentiel moteur inné présent en lui. Cela est d’autant plus valable lorsque celui-ci se trouve dans la période sensible au mouvement.
L’aménagement de l’espace
L’aménagement de l’espace est un paramètre important qu’Emmi Pikler et Maria Montessori ont prit en compte dans leurs études car il permet à l’enfant d’évoluer et de mettre ses intentions en action. Par conséquent, l’espace doit être soigneusement pensé et aménagé pour qu’il se sente le plus à l’aise possible et se déplace librement. Par exemple, un espace trop grand et vide peut provoquer de l’anxiété, tout comme un espace trop étroit et plein peut provoquer une sensation d’étouffement. Dans les deux cas, le mouvement et l’expression de soi sont limités. Il s’agit de trouver un juste milieu. Ainsi, les capacités de mouvement libre reposent sur un espace à la fois rassurant et excitant.
D’une part, tout danger potentiel dans l’espace réservé aux enfants doit être évité afin d’assurer la sécurité des enfants. De cette façon, il peut expérimenter sans retenue, et il n’y a aucun risque de blessure. Il peut aussi rassurer les adultes, leur donnant ainsi plus de liberté de mouvement.
Et les animateurs d’éveil dans tout ça ?
La motricité libre, comme le laisse entendre son nom, ne se signifie pas laisser l’enfant bouger seul dans son coin ; c’est tout l’inverse ! Il s’agit en fait d’une manière d’être à l’enfant, dont résulte un respect pour sa liberté de mouvement. L’adulte se place comme un observateur attentif et bienveillant présent pour l’enfant, l’accompagnant dans ses actions et les émotions qu’elles suscitent. Pour Emmi Pikler, « il faut savoir, observer, sentir et penser à la place de l’enfant, pouvoir entrer dans son monde, s’identifier à lui ». Grâce à cette attitude, l’adulte est en mesure de mieux comprendre l’enfant dans ses dimensions motrices et émotionnelles et de créer un cadre sécurisant qui lui garantit une sécurité affective, élément-clé de son épanouissement moteur. Cela s’observe, par exemple, très souvent chez les enfants pour qui l’adaptation en crèche est difficile ; tant qu’ils ne sont pas à l’aise et n’ont pas confiance, ils prennent peu d’initiatives motrices.
Cela implique également pour l’adulte d’intervenir à juste mesure, c’est-à-dire ni trop ni trop peu. Il faut effectivement veiller à ne pas freiner l’enfant dans ses prises d’initiatives motrices, mais aussi à pouvoir réagir rapidement s’il a besoin d’être accompagné ou s’il se met en danger. Il s’agit en fait d’accueillir ses expériences motrices en s’y adaptant au maximum. On peut résumer cette idée par la citation de Maria Montessori : « Aide moi à faire seul ! ». Par exemple, il est possible de donner la main à l’enfant ou de placer celle-ci derrière lui pour accompagner un mouvement qui semble difficile. Il est par ailleurs primordial que l’adulte soit capable de gérer ses émotions face à l’enfant. Celui-ci doit notamment faire attention à ne pas communiquer ses peurs et ses angoisses, sous peine d’insécuriser l’enfant voire de le bloquer. Dans le cas où l’enfant a chuté ou va chuter par exemple, il est préférable de rester calme et de le rassurer (par un contact corporel et des mots) plutôt que de paniquer et de l’insécuriser encore plus.
En conclusion
Dans la mesure où la période sensible au mouvement prédomine au cours des quatre premières années de l’enfant, il paraît évident et primordial de favoriser la motricité libre durant cette période. Leur association va effectivement être à l’origine d’un développement moteur optimal. La liberté motrice va également offrir de nombreux bénéfices sur le développement psychomoteur du jeune enfant. Elle va notamment lui permettre d’acquérir une autonomie motrice et une connaissance de lui ; de renforcer son estime de soi et sa confiance en soi ; de développer ses capacités sociales et cognitives ; et de devenir ainsi progressivement un être indépendant et épanoui
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